— Le
protocole de Kyoto, c'est une vraie usine à gaz !
Ce n'est pas faute d'efforts, depuis la COP 21.
« Le progrès technique a entraîné une baisse du
niveau d'émissions unitaires de CO2 de la production et de la consommation.
Cependant, l'augmentation du niveau de la production et de la consommation a de
façon générale compensé les effets de cette baisse. »
Enfonçons nous bien ça dans la tête.
C'est ce qu'on appelle l'"effet rebond" : l'utilisation plus efficace d'une énergie
moins émettrice de CO2 a été annulée par l'explosion de la demande. Ainsi
les ménages, responsables de 30 % des émissions, ont allongé leurs parcours en
voiture et agrandi la surface de leurs logements. Et dans les branches de
production, la croissance a laissé au même niveau des rejets que les progrès
énergétiques auraient dû faire chuter d'un tiers.
(D'après Grégoire Allix, Le Monde, 13/08/10)
En bref, et suite à la COP 21, 22, 23, etc., les économies de
CO2 (charbon, pétrole) effectuées d'ici 2050 seront largement compensées
(décompensées, plutôt, ou décomposées) par les deux milliards d'habitants
consommateurs de plus sur la planète d'ici là.
Pisser
dans des violons serait tout aussi efficace, à part qu'on n'aura jamais assez
de violons.
(A bas la croissance, donc ! et ne pas oublier
en effet d'inclure dans les calculs des émissions d'un pays, la France, les
émissions liées aux importations : par ex, les émissions des Chinois qui
fabriquent nos écrans plats ou nos tee-shirts et celles des transports entre là-bas et ici. Ça change
tout ! Le pétrole (ou le charbon) que nous ne brûlons pas ici, quelqu'un le
brûle ailleurs pour nous, rien ne se perd rien ne se crée, la nature a horreur
du vide et le CO2 ne s'arrête pas à la frontière. Quant au pétrole que nous
brûlons ici, je me demande si les calculs d'émissions CO2 tiennent compte du
coût carbone en amont, celui de l'extraction et du transport du pétrole en
question. Vivement le retour à la bougie, tiens !)
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PRÉVISIONS INGRATES
L'incertitude des fourchettes de prévision (2° ou 6° ?)
tient pour beaucoup à un paradoxe interne à la prévision. Je m'explique.
L'incertitude dépend des mesures que
l'on prendra ou non en réponse à ces prévisions. Les prévisions disent en
fait :
– soit on ne prend aucune mesure spéciale, on
continue comme avant, business as usual,
et ce sera 6°, et toutes les conséquences qui vont avec : montée des eaux d'un
mètre, etc.
– soit on prend telle ou telle mesure (limiter la
quantité d'équivalent carbone dans l'atmosphère à 350 ppm dans les 10 ans qui
viennent – par exemple) et à ce moment-là l'élévation de T° ne sera que de 2°,
les mers ne monteront que de 30 cm…
Le rôle (ingrat) des prévisionnistes est de prévoir
le pire (« si on ne fait rien…… ») pour entraîner une réaction
salutaire (« on fait quelque chose ») qui permettra de faire mentir la prévision. Les
prévisionnistes ne prennent pas un malin plaisir à faire peur : ils envisagent le pire pour qu'il n'ait pas
lieu. C'est le paradoxe de l'oracle.
Mais les scientifiques se disent aussi que s'ils
prévoient le pire et qu'il ne se produit pas, quelle confiance leur fera-t-on
par la suite ? Il proposent donc plusieurs scénarios, de l'optimiste au
pessimiste, émettent l'avis d'une probabilité
plus ou moins forte pour l'un ou l'autre, ou pour le médian, assorti de
"si…" (Si on continue pareil… Si on prend telle mesure…)
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