« Ce
mal qui répand la terreur,
l'humanité,
puisqu'il faut l'appeler par son nom,
faisait
aux animaux la guerre… »
(Les
fables du fabuliste)
Quand les végans
et véganes se sont installés un peu
partout, on ne s'est pas méfié de ces aimables bobos bouffeurs de salade qui
n'auraient pas fait de mal à une moule. On rigolait : ils débarquent de
Véga ! Des aliens !
Ils portent des costumes en lin, des chaussettes en
bambou, des ceintures en peaux de banane, des slips en épluchures d'aubergines…
Ils se tatouent "vegan
friendly" avec des encres au radis noir (Mais… c'est végane, le tatouage ?! C'est quand même
sur de la peau d'animal humain !)
Les
véganes femelles portent des robes en
petits pois, des chapeaux en fanes de radis, des escarpins en pignons de pin,
des culottes en feuille de vigne, des soutif en cosses de noix de coco… Leurs
bébés tètent des carottes (bio).
Ils
sont partout, on est cernés. Ils nous forcent à manger des salsifis et des
brocolis. La vache folle, c'est eux qui l'ont fait exprès pour qu'on mange des
rutabagas. Plus personne n'achète de viande, on a peur… et pourtant, quand on se
voit en maillot, on n'est pas fait en légumes, nous.
Leur lobby produit de terribles docus-télé. Des
"Envoyé spécial-L214" sur les abattoirs d'œufs durs, à grand renfort
de sans-papiers asservis. On n'ose plus manger d'autruche. Les docus sur les ours
blancs qui fondent, ça va, il y a déjà longtemps qu'on n'en mange plus. Mais
est-ce que voir "La Marche de l'empereur" ne va pas nous donner envie
de manger du manchot ?
— Ils aiment
pas les animaux, ou quoi ?
— Le végan, tu lui montres un boucher, ou un
steak tartare, il vomit. Direct.
— Merde ! Mais
il vomit QUOI ?
On proteste. On peut admettre aisément que l'andouillette soit un crime contre l'humanité, mais qu'est-ce qui
est le pire, qu'est-ce qui est le
plus dangereux pour la Terre – et donc pour nous tous ? Un steak de bœuf contaminé
ou un steak de soja OGM ? Un sac à main taillé dans la peau d'une vache folle
ou dans un baril de pétrole ? La corrida ou le RedBull ? Un antispéciste
ou un chasseur ? Les bottes en peau d'élan ou celles en plastique
recyclé ? Un blouson en mouton retourné ou en mylar doublé teflon ? Des bas de
soie ou de nylon ?
Finalement, on s'est posé la question : le végan est-il comestible ? (On avait
déjà bouffé les derniers amish depuis longtemps). On a répondu "oui"
et ils sont devenus eux-mêmes une source d'aliments pour nous. Manger un végan ce n'est pas de l'anthropophagie,
c'est même à peine du carnivorisme : ça a goût de soupe de légume. (C'est pas
une excuse, mais eux-mêmes mangeaient
parfois des plantes carnivores.)
On est restés
quand même locavores : on a bouffé d'abord nos végans locaux et de saison.
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