Il n'y a pas de pays
sous-développés. Par contre il y a des pays sur-développés, oui.
Pour
ma part et quitte à passer pour un affreux, j'en ai un peu marre du discours « Mais
les pays sous-développés (dits maintenant émergents
et bientôt immergés) ils ont bien le droit de se développer. C'est bien
leur tour. Nous, on a profité
largement de la croissance, de la technologie, de l'abondance, c'est bien leur
tour. »
En effet, nous, occidentaux surdéveloppés du Nord
du monde, pays producteurs de cholestérol, on en a fait le tour, de cette
abondance, d'accord, et on est devenus suffisamment conscients et évolués pour
dépasser ce stade, pour savoir qu'il faut réduire nos émissions, filtrer nos
fumées, économiser l'énergie, nettoyer nos rivières, consommer moins de tout,
voire même décroître – et même décroître démographiquement. Nous on peut renoncer à l'abondance industrialo-commerciale,
puisqu'on en a bien profité. (Enfin… je dis nous,
je dis on… une partie d'entre nous.) Mais eux ? Les Brésiliens ? Les
Chinois ? Les Indiens ? Les Africains ? Ils ont bien le droit d'en profiter à leur tour… De quel droit, au nom de quoi
pourrait-on, nous, leur reprocher de
vouloir améliorer leurs conditions de vie, comme on dit, au nom de quoi
pourrait-on leur interdire de se développer à leur tour ? Et accessoirement de
faire des enfants treize à la douzaine ?
-— Eh bien, au nom de la
survie de l'espèce, tout simplement, c'est pas suffisant ? Et ça, c'est
pour tout le monde.
Il y
a aussi, dans notre sous-conscient collectif, que nous, occidentaux de la société STIC (Science, Technique,
Industrie, Commerce) nous nous savons coupables, certes, mais on ne veut pas
être les seuls coupables. Perdus pour perdus, on veut que tout le monde s'y
mette, que tout le monde se développe, et donc que tout le monde soit coupable
– pas seulement nous ! (Et ainsi sans
doute espérons-nous nous déculpabiliser.)
Pourtant,
c'est con, mais la preuve est faite avec la Chine, l'Inde, le Brésil, que l'accélération
de la catastrophe écologique dans ces 20 dernières années est clairement liée à
l'émergence de ces pays (qui
d'ailleurs travaillent pour nous).
Alors oui, il faut que le Nord (nous),
arrête de se développer, se mette à stagner activement, mais devrait-on laisser
"les autres" prendre le relais de notre connerie
productiviste-consommatrice ? Pour la
justice…? Pour nous déculpabiliser…?
Mais
ce n'est pas une question de justice, de droit, de morale (ni de l'humour
noir), c'est une question de survie de l'espèce – qui n'en a rien à faire du
droit, de la justice et de la morale (et qui n'a pas d'humour).
•••
Ou bien tous les pays ci-devant
sous-développés parviendront au niveau des pays occidentaux et on va à la catastrophe
écologique généralisée à vitesse grand V, avec extinction des espaces et des
espèces – dont la nôtre… ou bien on fera tout pour les en empêcher, les autres,
et on aura droit à des réactions violentes de leur part. En bref, ils voudront
nous bouffer. Il faudra les tuer (on s'y emploie déjà, de différentes manières).
Entre catastrophe
écologique et désastre géopolitique (= guerres, massacres, millions de
réfugiés, épidémies…), pourra-t-on choisir ?
Vraisemblablement, on aura
les deux.
•••
Droit d'ingestion.
On a
apporté en Afrique les antibiotiques et les vaccins (et Jésus et Mahomet). Mais
pas la pilule ou la capote. Conséquences : surpopulation et sida. Du coup, il
faut leur expédier de la bouffe, encore plus de vaccins, d'antibiotiques et de
médocs, des capotes (mais c'est un peu tard) et remettre dans les bateaux
(voire rejeter à la mer) tous ceux qui cherchent à débarquer dans
"l'eldorado (de la méduse) européen", où, comme chacun sait, personne
ne manque de quoi que ce soit.
On peut
aussi leur vendre des armes.
Par
contre, cela débouche sur l'actualité brûlante du "droit d'ingérence
écologique" : la forêt amazonienne appartient-elle à Bolsonaro (au
Brésil) ou à l'humanité entière (à la biosphère entière, même…) ?
•••
Paru dans Psikopat et dans "La fin du monde ne passera pas" (Caza-eBook)
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