Une interview de François Gémenne, membre du Giec et
co-auteur de "Atlas de l'anthropocène" (éd. Presses de Science Po) dans
Télérama n°3652 (entre deux pubs en doubles pages pour Citroën et pour Peugeot…)
Extraits. (Entre parenthèses et en italique, mes
commentaires.)
"Crise
écologique" ?
« Une crise est par essence temporaire : une fois qu’on en est sorti, on peut espérer rétablir l’état des choses. Ce n’est pas le cas aujourd’hui ! La plupart des changements que nous observons sont irréversibles et durables. Une réduction drastique des gaz à effet de serre ne fera pas redescendre le niveau de la mer. »
« Une crise est par essence temporaire : une fois qu’on en est sorti, on peut espérer rétablir l’état des choses. Ce n’est pas le cas aujourd’hui ! La plupart des changements que nous observons sont irréversibles et durables. Une réduction drastique des gaz à effet de serre ne fera pas redescendre le niveau de la mer. »
(C'est un peu comme « fumer te tuera mais arrêter de fumer
ne te rendra pas immortel »)
« Nous sommes
définitivement sortis de la route, et tout l’enjeu, désormais, consiste à
limiter le nombre de tonneaux. Il faudrait aussi cesser de parler de «
transition », comme si un mouvement naturel, spontané, nous menait vers un
monde plus « vert », où tout le monde serait gagnant. Ce terme est aussi
trompeur que celui de « crise » et masque la difficulté et l’ampleur de ce qui
nous arrive. »
(Rayer "crise" et "transition", donc,
c'est-à-dire rayer "espoir" – ou plus exactement ce que nous
mettons, en bons chrétiens ou post-chrétiens, dans ce terme. Ça demanderait
développement, je sais…)
Interconnexion.
« Les questions
environnementales sont de plus en plus présentes dans les médias, les
conversations, les préoccupations des gens, mais elles sont souvent présentées
séparément les unes des autres. Or la pollution des sols, l’acidification des
océans, la crise de la biodiversité ou celle du climat font partie d’un seul et
même ensemble qui nous oblige à repenser notre rapport à la Terre. Les
incendies de la forêt amazonienne, par exemple, concernent autant le climat, la
biodiversité, les peuples amérindiens que l’agriculture ou le commerce
mondial. »
(Ajoutons l’invasion des perturbateurs endocriniens ou des
particules fines, l’érosion des sols, les incendies en Australie, suivis de
pluies et d'inondations, les canicules, la crise pardon, la
catastrophe – de l'eau potable, la baisse mondiale du QI…)
L’étude du
réchauffement climatique à l’école ?
« À
Sciences Po Paris, nous avons tenté de le faire avec le sociologue Bruno
Latour, autour d’un programme de recherche « politique de la Terre », qui
faisait intervenir des géologues et des climatologues. Mais nous nous sommes
heurtés à une incompréhension de la part de l’institution. »
(Ce n'est donc pas une question socio-politique ?)
« Des générations de politiciens,
aujourd’hui encore, ne connaissent rien au fonctionnement de la Terre et
considèrent que ce n’est pas un sujet politique. Nicolas Sarkozy a longtemps
confondu changement climatique et couche d’ozone. Quand François Hollande et
Laurent Fabius ont finalement accepté d’organiser la COP 21 en 2015, ils ont
dû prendre des cours sur le réchauffement auprès du climatologue Jean Jouzel
car aucun d’eux ne savait ce que c’était… »
(Et
si ce n'était que Sarko qui confonde effet de serre et trou dans la couche
d'ozone. C'est très répandu dans toutes les couches de la population. Peut-être parce que ça fait image, une
image simple, lisible. Interrogez autour de vous.)
Quant
à l'ENA…
« Regardez le programme de l’ENA :
parmi les dix grands défis du monde de demain auxquels les futurs dirigeants
doivent se préparer, on trouve la cybersécurité ou la lutte contre le
djihadisme, mais rien sur le climat ! C’est antédiluvien… »
("Antédiluvien", c'est le mot
juste. Suivent moult considérations sur les COP numérotées 20+++ et leur
fonctionnement purement intergouvernemental (c'est-à-dire entre gouvernements
aux préoccupations essentiellement électoralistes tout en étant lobbyés à fond.
Mais j'en reste là pour aujourd'hui.)
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