Pire que le confinement (hibernation), le
déconfinement (libération ?).
Depuis que l'autre a donné la date du 11, c'est la
panique partout.
On sait de moins en moins ce qui nous attend. Tout
reprendre comme avant, boulots, bises, terrasses de cafés ? Ou du
changement ? Oui mais lequel ? Quoi tout de suite ? Quoi plus
tard ? Dans tous les cas, on a peur. On a peur et on ne sait pas de quoi.
Dommage, on était peinard à la maison, à se poser
quelques questions existentielles immédiates : pourquoi fermer les
librairies ? Le papier est-il un support privilégié du séjours et de la
transmission du virus ?
… Ou à philosopher : La liberté sans limites a
accouché de ça : le confinement de tous. La guerre de tous contre tous a
accouché de ça : l'enfermement contre tous. L'homme loup pour l'homme a
accouché de ça : des moutons à l'enclos. La loi de la jungle… etc.
… Ou à statistiquer : XXX décès covid contre XXX
décès économisés par les baisses de pollution et d'accidents auto. Et XXX
grossesses supplémentaires non-désirées. Qui l'emportera, des plus et des
moins ?
Le gros chantier en perspective de la prospective, de
la SF, de la politique et même de la philosophie c'est l'APRÈS. Après "la
guerre", après l'effondrement, après la phase de deuil et de soulagement
mêlés, quoi ?
Le collectif "Et demain" nous chante
"Ce combat, c'est l'monde entier". (J'ai d'abord compris "c'est
mon dentier" (?¿) – mais j'ai souvent les oreilles qui fourchent.)
Actuellement, 2 thèses se côtoient : "il va
falloir tout changer" contre "ne vous faites pas d'illusions, on
n'aura rien de plus pressé que de repartir comme avant", comme le serinent
en général les économistes ultra-libéralistes : si ça n'a pas marché c'est pas
que l'ultra-libéralisme ne marche pas, au contraire, c'est qu'on n'en a pas mis
assez.
Soyons positif. Pour être vivable, une société future
s'organisera en unités plus petites, plus conviviales, plus autonomes.
C'est-à-dire moins dépendantes les unes des autres et moins connectées,
c'est-à-dire moins dépendantes d'un réseau de communication. J'entends par là
non seulement notre adoré Internet mais tous ces réseaux que, par habitude,
nous ne pensons plus : l'électricité, le téléphone, l'eau, les routes, le
ramassage des ordures, la distribution d'essence, la poste, l'avion, le train,
la radio, la TV… Tous réseaux de dépendance intense, vitale à divers degrés.
Rappelons-nous ce qu'il se passe en cas de coupure d'eau, d'électricité, de
blocage des raffineries, de grève des transports… Ce qu'il se passe pour chacun
de nous, concrètement et mentalement. Et ce immédiatement : retour aux
préoccupations les plus essentielles, comme pour des naufragés. Nécessité vitale
de l'eau, des denrées alimentaires, de l'abri, vêtement, chauffage… et,
peut-être moins vitale au sens primitif, moins liées à ces besoins du corps
(que nous méprisons et dont tout dépend pourtant) : lumière, cuisinière et
frigo, TV, internet, etc. La coupure de courant électrique c'est
"Ravage" de Barjavel (en passant, je note que le nom de Barjavel
inclut le mot Ravage).
Et ce qu'il nous arrive individuellement est aussi ce
qui arrive à l'échelle d'un pays : quel pays est autonome
alimentairement ? Et en eau ? Et en électricité ? Et en
production de médocs ? Ni la France ni le Royaume-Uni, qui pourtant se
brexite… Folie !
Quel pays est autonome dans la lutte contre les
maladies et plus particulièrement actuellement contre une pandémie (il y en
aura d'autres) ? Masques, médicaments, respirateurs, etc. En supposant 1%
de la population touchée, avons-nous 700 000 lits d'hôpital avec tout ce qu'il
faut ? c'est-à-dire le réseau de personnel, d'appareils, de transport
ambulance, de fourniture d'oxygène et de médicaments… et de masques à changer
toutes les 4 heures…
Et tout ça, lits d'hôpital, masques, paracétamol,
etc., tout ça grandement dépendant de réseaux d'échanges à base de transports
transmondiaux… eux-mêmes grandement responsables de la circulation du virus. Le
chat se mord la queue.
Évidemment, ce chantier de restructuration des
sociétés en unités plus petites et moins dépendantes des divers réseaux serait
plus facilement réalisable avec moins de monde sur Terre.